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 La vidéo du siècle

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mersey beat



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MessageSujet: La vidéo du siècle   La vidéo du siècle Icon_minitimeJeu 13 Mar - 21:46

XTC en 1982. Par Berroyer. Berroyer.
Avant et pendant le concert mythiquement maudit du Palace. Le concert du Palace.

Partie 1) http://uk.youtube.com/watch?v=PgMN5Z6mmtU
Partie 2) http://uk.youtube.com/watch?v=OnaCFxmnYzY&feature=related
Partie 3) http://uk.youtube.com/watch?v=D0MUmPQzqZY
Partie 4) http://uk.youtube.com/watch?v=8uij__X-ET4

...

C'est bien simple : je suis en larmes devant mon écran.
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Raoulle
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MessageSujet: Re: La vidéo du siècle   La vidéo du siècle Icon_minitimeJeu 13 Mar - 22:20

Sur le coup Berroyer n'est pas decevant
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Raoulle
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MessageSujet: Re: La vidéo du siècle   La vidéo du siècle Icon_minitimeJeu 13 Mar - 22:23

Pour toi mon bon Raneud

Citation :
La vidéo du siècle Partridg

Andy Partridge - Fossile & marteau

Les Inrockuptibles
N° 74, 09 oct. 1996
Interview

Au bout de quatre ans d'un silence volontaire rompu par Fossil fuel, une compilation de singles exhaustive, Andy Partridge solde les comptes de XTC et règle dans la foulée ceux de sa maison de disques. Mais le gentleman de Swindon, malgré une déveine persistante, trouve encore le courage d'en rire et promet, après l'orage, des lendemains radieux pour son petit commerce de friandises.

Je tiens d'abord à présenter mes excuses à tous ceux qui se souviennent encore de nous. Tout le monde pense qu'il ne s'est rien passé concernant XTC depuis quatre ans, et c'est assez bizarre, car j'ai pour ma part l'impression d'avoir traversé la période la plus agitée pour le groupe depuis ses débuts. Pas plus tard qu'hier, j'ai appris le mot français qui signifie l'état dans lequel nous nous trouvions jusqu'à la rupture de notre contrat avec notre maison de disques, Virgin. Ce mot me plaît beaucoup : "grève". Voilà, nous étions en grève. Cela traduit bien les choses : "grève" sonne comme "grave" et notre situation chez Virgin était effectivement devenue très grave.

Il y a quatre ans, tu déclarais que XTC était devenu un dinosaure dans le monde de la pop. Aujourd'hui, beaucoup de gens pensent que vous avez effectivement disparu de la surface de la terre...

(Rires)... Je n'ai pourtant pas cessé d'écrire de nouvelles chansons durant cette période. J'avais pour projet de sortir un nouvel album tous les six mois et c'est toujours une idée qui m'excite. Seulement, il fallait d'abord que je règle cette histoire de contrat. Nous avions le même contrat depuis nos débuts, il y a dix-huit ans. Ça peut paraître insensé mais c'est la vérité : nous n'avons jamais gagné d'argent grâce à la vente de nos disques. J'ai passé toute ma carrière à faire de la musique gratuitement. Ça ne pouvait plus durer, je suis trop vieux pour faire ça uniquement pour l'honneur. Maintenant, il faut que je survive.

Tu veux dire que ta situation personnelle était réellement en péril ?

Non seulement ma situation, mais également celle de Dave et de Colin (Gregory et Moulding, les deux autres membres de XTC) : un cauchemar dont nous sortons à peine tous les trois. Car à ces problèmes d'ordre purement professionnel sont venus s'additionner d'autres problèmes, personnels ceux-là. D'abord, j'ai perdu mes facultés auditives. J'ai eu une infection dans l'oreille moyenne, du côté droit, qui a rapidement gagné du terrain. C'est la pire souffrance que j'aie jamais connue : je suppose que la seule douleur de ce genre, c'est lorsqu'on accouche. Là, j'avais l'impression d'accoucher avec mon oreille droite. Un jour, vers 2 h du matin, la douleur est devenue tellement forte que je me suis cogné la tête contre les murs de façon violente, je perdais carrément la raison. Au bout d'un moment, j'ai senti un liquide couler le long de mon cou, c'était du sang. Je m'étais éclaté le tympan, ce qui m'a rendu complètement sourd pendant deux mois. Mon oreille droite était hors service et la gauche n'était pas vaillante non plus. Bref, au bout de deux mois, j'ai récupéré mes facultés auditives et ma femme en a profité pour m'annoncer qu'elle divorçait (rires)... Toute ma vie basculait : j'ai perdu le peu d'argent qui me restait à cause du divorce, je me suis retrouvé à devoir élever seul mes deux enfants, tout en luttant contre ma maison de disques. C'était une période assez extrême, où tout prenait l'eau, tout se déréglait sans que je puisse y faire quelque chose. C'était très traumatisant, j'ai d'ailleurs eu plusieurs maladies psychiques à cause du stress, du divorce et de l'alcool, dont j'ai pas mal abusé durant cette période.

Continuais-tu malgré tout à écrire des chansons ?

J'espère qu'elles ne ressembleront pas trop à des chansons de divorcé à la Phil Collins (rires)... Ecrire des chansons est la seule chose que je sois incapable d'arrêter. La musique est devenue pour moi une maladie incurable. Même si nous ne retrouvons plus jamais le moindre contrat, je ne pourrai cesser d'écrire. C'est comme un orifice par lequel je me débarrasse de tout ce qui s'est passé dans ma vie. C'est un peu comme une autre bouche ou un autre trou du cul : j'ai maintenant ce trou par lequel sort de la musique. Si la blessure se refermait, que je ne puisse plus me débarrasser de tout ça, je crois que je mourrais.

Chacun des membres de XTC a-t-il eu des activités parallèles durant ces quatre ans ?

Colin n'en a pas vraiment eu le loisir car sa femme souffre d'une maladie mentale et, ces dernières années, il s'est principalement occupé d'elle. Dave est celui qui s'en est tiré le mieux. Il a gagné beaucoup plus d'argent qu'aucun de nous en faisant des séances pour les autres : il a notamment vécu une histoire d'amour tumultueuse avec Aimee Mann, dont il a suivi toute la tournée comme musicien. Quant à moi, j'ai enregistré pas mal de choses avec d'autres gens : Harold Budd, Terry Hall, Martin Newell... J'ai aussi écrit des chansons en compagnie de Chris Difford de Squeeze, avec qui je travaille actuellement. J'ai un nouvel amour dans ma vie et j'ai découvert aussi que j'avais une prostate. Je suppose que je l'ai usée, la pauvre. Pour se venger, elle se rappelle à moi tous les quarts d'heure. Voilà, j'en ai fini avec les violons pleurnichards. Je parlais tout à l'heure de toutes ces chansons que j'ai composées pendant quatre ans et c'est ça qui importe désormais. J'ai l'équivalent de trois albums, prêts à être enregistrés. Une fois éliminées les scories, disons qu'il restera deux albums que j'aimerais sortir en même temps pour me faire pardonner cette longue période passée au frigo. Après Nonsuch, j'ai décidé de poursuivre dans la voie très orchestrale, très arrangée de certains morceaux comme Wrapped in grey, Bungalow. Je me souviens avoir été très contrarié lorsque j'ai vu Elvis Costello publier un disque enregistré avec un quatuor à cordes car c'est une idée que j'avais depuis longtemps. Puis, après avoir travaillé sur tout un album dans ce style, j'ai eu envie de changer complètement et de retourner aux guitares bruyantes, comme à l'époque de Black sea. C'est la raison pour laquelle j'aimerais, dès que nous aurons un nouveau contrat en poche, que ces deux disques paraissent séparément. Ce sont deux entités très différentes, deux facettes de notre personnalité.

As-tu l'impression que ta manière d'écrire a été modifiée par tous ces bouleversements ?

Récemment, en écoutant Nonsuch, je me suis rendu compte à quel point ce disque était déprimé, comme si j'avais pressenti ce qui allait arriver. Même les chansons noisy, même les chansons gaies sont tristes (rires)... Je pense que j'écris désormais des choses moins tristes, moins complaisantes envers mes petits problèmes. J'ai écrit deux chansons sur l'école, sur l'éducation, et puis une contre les voitures. Je n'aime pas les voitures. Certaines chansons parlent aussi du soulagement d'être à nouveau célibataire. J'ai été marié longtemps, beaucoup trop longtemps. Je crois que mon mariage avait déjà été arrangé avant ma naissance, dans l'utérus de ma mère. Je suis né marié (rires)... Always winter, never Christmas, la chanson que j'ai écrite il y a quelques années, parle de mon mariage : toujours l'hiver, jamais Noël ! Idem pour Snowman, à l'époque d'English settlement. Dès que je parlais dans mes chansons de neige, de froid, d'hiver, vous pouviez être certains que ça avait un rapport avec mon couple.

En 82, lorsque tu as décidé d'arrêter définitivement les concerts, étais-tu conscient qu'il s'agissait d'un suicide commercial ?

C'est ce que tout le monde me disait : "Tu vas disparaître, devenir un has-been." Mais moi, je me sentais plus stable, je pensais au contraire que j'allais enfin commencer à vivre dignement. Depuis quelques années déjà, mon corps me suppliait d'arrêter. Ma conscience, pendant ce temps, ne pouvait se résoudre à l'annoncer clairement aux autres. J'ai donc passé des mois à souffrir en silence, sans trop savoir ce que je voulais réellement. Pendant l'enregistrement d'English settlement, j'ai pris Dave à part et je lui ai dit "Je ne veux pas qu'on aille sur la route avec ces chansons." Il m'a répondu "C'est parce que tu ne te sens pas bien aujourd'hui, mais tout va rentrer dans l'ordre." Alors je suis allé voir Colin et j'ai tenté de lui expliquer à son tour : "Je ne me vois pas jouer ces chansons sur scène, ne penses-tu pas que nous devrions faire un break ?" Sa seule réponse a été "Peut-être, peut-être pas." Je ne voulais contrarier personne mais mon subconscient, qui régit toutes mes fonctions corporelles, disait (il prend une voix d'outre-tombe) "Oh non, tu vas te retrouver à nouveau sur la route, te dévoiler devant tous ces gens et tu sais que tu ne veux pas le faire. Tu es inquiet à propos de tes revenus parce que ton manager te pique tout ton fric et tu n'as pas le temps de t'en occuper. Tu sais que tu voudrais élever tes enfants mais on ne t'en laisse pas le temps : tu dois encore aller vivre dans les chambres d'hôtel comme tu le fais depuis cinq ans, retourner encore et encore dans ces prisons itinérantes." Et mon subconscient a gagné en rendant mon corps malade chaque fois que nous devions jouer.

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MessageSujet: Re: La vidéo du siècle   La vidéo du siècle Icon_minitimeJeu 13 Mar - 22:23

Citation :
Que s'est-il passé sur la scène du Palace, à Paris, lors de votre tout dernier concert en 82 ?

J'ai été pris d'une crise de panique monstrueuse sur scène. Mon estomac me faisait horriblement mal, comme si quelqu'un m'arrachait les boyaux. Une partie de moi essayait d'attribuer ça à une crise d'appendicite ou une intoxication alimentaire, mais je sais maintenant qu'en réalité tout se passait dans ma tête. J'ai donc quitté la scène en plein milieu du premier morceau et suis allé me réfugier dans les loges. Les autres m'ont retrouvé complètement prostré, à même le sol et en train de pleurer, comme un bébé, sans défense. Les gens de la maison de disques se sont montrés incroyablement indifférents. Je vivais un vrai cauchemar et eux voulaient que j'assure des interviews dès le lendemain. J'ai dû m'enfuir, rentrer chez moi par mes propres moyens, sans que personne ne s'en aperçoive. L'année qui a suivi a été très pénible, car je cherchais à m'expliquer les raisons pour lesquelles j'étais si tourmenté. Peu de temps après, j'ai lu l'histoire des Beach Boys et j'ai songé un instant à les imiter : il y aurait eu un XTC pour les concerts, sans moi, et un autre pour le travail en studio, dans lequel j'aurais été beaucoup plus impliqué. Les autres n'ont pas du tout aimé cette idée, ils ne voulaient pas jouer sans moi et, de toute manière, j'aurais eu l'impression d'escroquer le public en faisant ça. Je pense qu'en revanche l'idée n'aurait pas déplu à la maison de disques car ça faisait quelque temps qu'ils insistaient pour que Colin soit mis en avant. Ils n'en avaient que pour sa belle gueule, un croisement entre Rudolph Noureev et Chrissie Hynde, alors que moi je ressemble à un clown. Ils adoraient les mélodies sirupeuses qu'écrivait Colin et n'arrêtaient pas de sortir ses chansons en single - ce qui me rendait très jaloux.

Est-ce qu'une crise comme celle de Paris t'était déjà arrivée ?

Oui, aux Etats-Unis, quelques années plus tôt. Nous faisions là-bas une grande tournée de dix semaines dans des conditions épouvantables. Un jour, nous étions coincés dans une tempête de neige au nord de New York, sur le chemin du Canada. Nous étions entassés dans le même camion minuscule depuis des semaines et des semaines, et voilà que nous roulions à présent à 8 km/h. J'ai prétexté une envie d'aller pisser pour descendre du camion et suis allé dans un champ, où j'ai baissé mon pantalon et me suis mis à pleurer sans savoir pourquoi. J'étais là, debout dans ce champ, avec mon pantalon baissé, je ne savais plus qui j'étais, ni ce que je foutais là. J'ai perdu la mémoire pendant une demi-heure.

Dans la biographie officielle de XTC, Chalkhills and children, il est question de ton accoutumance au valium.

J'ai été accro au valium entre 13 et 25 ans. J'ai commencé à en prendre parce que ma mère ne tournait pas très rond. Disons-le, elle était folle, elle avait des tas de problèmes. Cette folie affectait l'enfant que j'étais et le médecin n'a rien trouvé d'autre que de me prescrire du valium. Je ne savais pas ce que c'était, j'avais juste l'habitude d'en prendre en permanence, comme des bonbons. Lorsque j'ai commencé à faire de la musique, j'ai continué à prendre cette saloperie, ce qui avait le don d'agacer ma femme. Un jour, elle a donc tout balancé dans les toilettes de l'hôtel où nous nous trouvions. Je suis rentré complètement bourré et j'étais fou de rage. Je crois que c'est la seule fois où j'ai détruit une chambre d'hôtel. J'étais comme un enfant, elle avait balancé mes béquilles... Suite à cette crise, je n'y ai plus touché. Même dans les pires moments de déprime ces dernières années, je n'ai pas cédé. Même le Prozac n'aurait rien arrangé à l'affaire. Je me méfie des drogues - et en particulier des drogues qui rendent euphorique. Je suis fier de mon cerveau et je ne veux rien faire qui puisse le ravager. J'ai pas mal abusé de l'alcool, par contre. Plus mon mariage partait en ruine, plus je buvais, sans pouvoir me contrôler. Je menaçais ma femme de meurtre... Heureusement qu'aujourd'hui ma chère prostate me ramène toujours à la raison.

En 1977, lorsque XTC a débuté, envisageais-tu déjà le groupe comme une cellule complètement isolée du monde extérieur ?

Je ne me suis jamais senti à l'aise dans le groupe tant que nous étions, comme les autres, dans le petit cirque étroit du rock'n'roll. J'aime me cacher et travailler derrière une armure, un masque. Si ça avait été possible, j'aurais aimé faire partie d'un groupe en carton-pâte, avec un show télévisé d'une demi-heure chaque semaine, dans lequel nous aurions joué nos nouvelles chansons, en transformant le décor, la forme des objets à chaque fois... Curieusement, aujourd'hui, il m'arrive d'avoir à nouveau envie de remonter sur une scène. J'en ai parlé aux autres il n'y a pas longtemps, ils ont failli tomber à la renverse et je les comprends, après tant d'années passées à faire ma tête de mule qui ne veut pas rentrer dans l'enclos. Cela dit, je ne m'imagine toujours pas sur une vraie scène, je nous verrais plutôt sur un camion, allant de ville en ville sans nous arrêter. Des troubadours modernes.

Regrettes-tu parfois de ne pas être un artiste solo, libre de tes choix ?

J'ai besoin du soutien moral du groupe. Dave a une excellente oreille et j'ai confiance en son jugement. C'est un sentiment agréable que d'avoir à sa disposition un musicien exigeant auquel se frotter. Colin possède une sensibilité très terre à terre qui me ramène au sol quand il le faut, lorsque je me laisse égarer par des idées trop compliquées. Bien sûr, nous ne sommes plus un gang comme à nos débuts, mais une sorte de club de gentlemen qui se soutiennent les uns les autres. Si j'étais seul, je me sentirais à la merci d'un tas de choses, comme l'obligation d'être une star pour exister. Dans un groupe, j'ai la possibilité de me cacher un peu. Je n'ai jamais été à l'aise dans le show-business.

Dans le monde entier, XTC représente l'archétype du groupe anglais. Comment expliquer alors les échecs successifs de vos albums depuis quinze ans en Angleterre ?

Les Anglais nous détestent. Il n'y a aucune raison objective, mais c'est un fait. J'ai longtemps été meurtri à cause de ça mais, à la longue, ma peau s'est durcie comme celle d'un vieux rhinocéros. Pendant des années, à chaque fois que paraissait la moindre encyclopédie anglaise sur le rock, je fonçais chez le libraire pour regarder ce qu'ils racontaient sur nous. Ils n'étaient jamais très tendres - et encore, je parle de ceux qui nous mentionnaient. Souvent, je tournais les pages et ça donnait ça : X, le groupe de Los Angeles, X-Ray Spex et... Neil Young. C'était comme du révisionnisme stalinien : nous n'existions pas, rayés des manuels. Nous avons quand même vendu cinq millions d'albums, ce n'est pas rien. Peut-être ne sommes-nous pas considérés comme un groupe de rock, peut-être sommes-nous des chanteurs d'opéra avec des guitares... Tout ça m'a rendu parano pendant un bon moment. En fait, l'Angleterre est juste un petit village dont on se lasse très rapidement. Les Anglais se sentent réprimés en permanence, alors ils picolent et veulent se battre avec tout le monde, pour n'importe quoi. C'est leur seule façon d'exister. Nous, nous sommes trop vieux pour intéresser qui que ce soit : la presse préfère des groupes deux fois plus jeunes qui sonnent exactement comme nous. Que pouvons-nous y faire ?

Justement, tu as failli produire Blur il y a quelques années. Pourquoi cela n'a-t-il pas abouti ?

Leur maison de disques a eu une attitude détestable à l'époque : ils voulaient à tout prix en faire un groupe plus commercial et ce n'était pas du tout ma conception des choses. Je voulais juste les laisser agir selon leurs instincts, les aider à trouver leur voie. Je me suis très bien entendu avec Blur, ils n'arrêtaient pas de s'identifier à XTC. Et c'est vrai qu'il y avait des points communs avec nous à l'époque de Go2, lorsque nous n'étions pas encore de vieux fossiles. Mais Blur a su se débrouiller sans moi, pas vrai ?

Quels ont été tes sentiments à la réécoute de ces trente et un singles dans l'ordre chronologique de Fossil fuel ?

C'est comme si on t'ouvrait les portes d'un magasin de bonbons pour la journée, où tu n'aurais que des bonbons à manger - jusqu'à t'en rendre malade. Pour ma part, je préférerais un repas plus équilibré : de la viande, des légumes, des pommes de terre, de la soupe, tout ce que l'on peut dénicher sur nos albums, qui proposent un menu plus varié. Avec un peu de chance, les gens trouveront quand même de la chaleur, de la lumière et de l'énergie dans ces singles morts depuis longtemps. C'est de là que m'est venue l'idée du titre : Fossil fuel.

Lequel de ces titres correspond pour toi à votre période la plus créative ?

J'ai le sentiment que nous sommes de plus en plus créatifs, si ce n'est pas trop immodeste et stupide de dire ça. Nous avons progressé dans l'art de l'alchimie, nous sommes désormais capables de transformer le métal en notre propre or. Enfin, pas sur un plan financier (rires)... Nous pouvons donc à présent prendre des morceaux de bois, de métal, de charbon et les transformer en notre or musical de façon satisfaisante. En vérité, nous venons tout juste de commencer à apprendre. La vie ne sera pas assez longue. L'idéal serait d'atteindre la perfection, puis d'exploser.

Ton idée de la musique a-t-elle toujours été de tendre vers la perfection, comme Brian Wilson dans les sixties ?

Brian Wilson était à l'époque extrêmement plus talentueux et inventif que je ne le serai jamais. Il est aussi authentiquement timbré - ce qui, je l'espère, n'est pas mon cas. Cette folie a donné de grandes choses tant qu'on a pu la canaliser mais, à présent, il a vraiment perdu pied, il est complètement gaga. Il a connu un bref moment d'extrême jaillissement créatif mais s'est éteint plus vite. Mon potentiel est complètement différent, ma lumière est plus faible mais elle devient de plus en plus intense avec le temps. Cela dit, je n'atteindrai sans doute jamais son niveau. Mais peu importe, ce n'est pas un concours de longueur de pénis. Courir après la perfection est l'activité la plus stupide qui soit et, pourtant, c'est ce que tous les groupes pop essaient de faire. C'est comme courir après des insectes : il y a des groupes qui courent après des papillons alors que nous, nous courons après des mites, nous n'avons même plus de quoi nous offrir des papillons. Et il ne faut jamais attraper la mite-perfection, sinon c'est la fin, on meurt. Et puis les gens s'amusent à nous regarder la chercher.



Christophe Conte


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MessageSujet: Re: La vidéo du siècle   La vidéo du siècle Icon_minitimeVen 14 Mar - 7:58

(pour info : les liens tubesques ne fonctionnent plus )
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MessageSujet: Re: La vidéo du siècle   La vidéo du siècle Icon_minitimeVen 14 Mar - 8:14

bulle-bu a écrit:
(pour info : les liens tubesques ne fonctionnent plus )

ben non
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MessageSujet: Re: La vidéo du siècle   La vidéo du siècle Icon_minitimeDim 16 Mar - 0:10

Les liens marchent très bien, merci Raoul pour m'avoir permis de relire cet entretien magnifique pour la première fois depuis 1996.
Pour enrichir le dossier, parole (et gloire) à Jackie à présent :

Citation :

<BLOCKQUOTE>
TROIS QUESTIONS A... JACKIE BERROYER



1 Avant de devenir écrivain, animateur de télévision et acteur, vous avez été critique musical, dans les colonnes de Charlie-Hebdo en particulier. A la fin des années 70, vous avez été un des premiers, en France, à manifester votre enthousiasme pour XTC. Qu'est-ce qui vous plaisait dans ce groupe ?


Je les ai découverts au Bataclan - ou était-ce le Palace ? - en 1977-1978, en première partie des Talking Heads. Sous le boucan et l'énergie new wave perçait le son du Mersey Beat [le son apparu à Liverpool au début des années 60], quelque chose de très anglais, une espèce de folklore que j'ai toujours aimé. J'avais l'impression d'écouter de la pop adulte. Le rock n'est pas pour moi une panoplie de la jeunesse. Si j'en écoute aujourd'hui, ce n'est pas par immaturité. Il me semblait trouver dans les chansons d'XTC des valeurs qui pouvaient durer. Un raffinement, une retenue...

2 Comment expliquez-vous le relatif insuccès du groupe ?

On a parfois l'impression que personne n'y trouve son compte. Les amateurs d'extrémisme s'arrêtent à l'apparente joliesse mélodique sans percer les dessous plus fous et maniaques de cette musique. Et ceux qui pourraient être séduits par les refrains pop sont effrayés par la sophistication du groupe. La musique d'XTC demande un petit effort, elle se mérite... Mais je reste persuadé que, si les radios avaient joué le jeu Partridge aurait eu plus de tubes.

3 Avez-vous fini par sympathiser avec les musiciens du groupe ?

Je n'ai rencontré Andy Partridge qu'une seule fois. Au début des années 80, mon militantisme pro-XTC était presque devenu une blague dans le milieu de la rock critic. Un jour, Alain Maneval m'a demandé de faire un reportage sur la venue du groupe à Paris, pour son émission de télé, Megahertz. J'ai interviewé Partridge dans la loge du Palace, nous avons filmé des bouts de répétitions et le début de ce concert interrompu au bout de trois morceaux. On n'imaginait pas que cela allait être leur dernier. Quelques semaines après, j'ai envoyé à Partridge un petit soldat pour sa collection de jouets. J'ai reçu de lui une carte de voeux me demandant de prendre une cuite à sa santé...
PROPOS RECUEILLIS PAR STEPHANE DAVET

</BLOCKQUOTE>
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